Feldenkrais
Qu’est-ce que la méthode Feldenkrais ?
Portant le nom de son inventeur, la Méthode Feldenkrais utilise le mouvement pour améliorer nos capacités. Cette pratique se fait sans esprit de compétition, elle utilise l’apprentissage du mouvement pour affiner la conscience corporelle. Sa pratique régulière diminue les tensions musculaires, prépare aux pratiques sportives et artistiques, favorise la maitrise de soi, améliore la souplesse, apporte du calme et de l’aisance dans tous les domaines de la vie.
Elle se pratique de deux façons
En séance collective, dites PCM : Prise de Conscience par le Mouvement
Des séquences de mouvements sont explorées, le praticien guide la séance par des instructions verbales. Chaque leçon s’appuie sur un « thème » de mouvement et des principes pédagogiques précis.
En séance individuelle, dite : Intégration Fonctionnelle
La praticienne, certifiée, utilise le toucher pour aider au relâchement des tensions et guider vers des mobilités et des coordinations inexplorées ou oubliées.
Questions à propos de la méthode
Pourquoi cette méthode réclame-t-elle de la lenteur et une approche calme ?
Paradoxalement pour nous permettre d’aller vers plus d’efficacité dans nos mouvements. Il s’agit d’accéder à un régime de l’économie de l’effort comme on le pratique dans les arts martiaux où la puissance ne vient pas de plus de force mais de plus de maitrise et de connaissance des forces.
Pour que les sensations puissent être perçues une approche calme est nécessaire.
Il s’agit d’une pédagogie du mouvement qui va rechercher à mobiliser toutes nos ressources : la pensée, l’imagination, la sensation et l’émotion qui, ensembles contribuent à l’élaboration de nos actions. Le mouvement sollicite le système nerveux. Depuis la naissance du bébé jusqu’à son acquisition de la marche, l’enfant va expérimenter, apprendre à se déplacer, à saisir. Son système nerveux va se développer en relation avec l’apprentissage du mouvement : aux stades de développement sensori-moteur (acquisition de la position assise, de la marche à quatre pattes…) correspondent le développement de facultés cérébrales. Si l’apprentissage est vécu de manière agréable, la nouveauté sera acceptée et recherchée, l’enfant trouvera ses appuis. Le mouvement va permettre l’évolution et la maturation du cerveau.
La méthode s’appuie donc sur des processus d’apprentissage du mouvement dans des configurations très variées et souvent inhabituelles afin de nous permettre d’expérimenter des schémas de mouvements peu utilisés ou oubliés. C’est l’inverse d’une pensée d’un corps machine qu’il faudrait dominer par des étirements en force, le corps et l’esprit sont ici pensés comme une unité. Nos actions sont un mouvement du « soi » qui nous engagent entièrement.
D’un point de vue fonctionnel, après un accident ou un traumatisme, même léger, certaines parties du corps peuvent être « endormies », elles ne s’intègrent plus à l’action globale du corps en mouvement. C’est souvent une des raisons d’apparition de tensions, qui, répétées, vont entraîner des douleurs musculaires qui, elles-mêmes, vont tirer sur la structure squelettique jusqu’à la déformer dans le cas de contractions chroniques. Un manque d’égalisation du tonus génère donc des déséquilibres plus ou moins important diminuant l’agilité et le plaisir de bouger. En mobilisant les articulations en douceur les muscles se relâchent, les articulations deviennent plus souples et le tonus musculaire se réorganise de manière plus proportionnée apportant aisance dans notre manière d’être.
Pourquoi la méthode insiste-t-elle sur la répartition de l’effort ?
Parce que beaucoup de limitations ou de douleurs proviennent d’une sur-utilisation de certaines zones du corps au détriment d’autres. Cette manière de faire est due en partie à la répétition des tâches imposées par le quotidien mais aussi induite par des habitudes répétées. À l’opposé, certaines zones de notre corps ne sont que trop rarement sollicitées, nous en restreignons l’usage et des tensions s’y installent. Redonner de la mobilité à ces régions soulage les autres parties du corps. La distribution du mouvement sera mieux répartie, le tonus égalisé et la sensation d’effort diminuée. Une sensation de légèreté et de liberté accompagne souvent cette « ré-organisation ».
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Moshe Feldenkrais
Moshe Feldenkrais, né en 1904 en Ukraine et mort en 1984 à Tel-Aviv fut physicien et l’un des introducteurs du judo en France dans les années 1930. Suite à une blessure au genou, il se tourna progressivement vers la mise au point, à partir des années 1950, d’une méthode de soins non conventionnelle inspirée des neurosciences — qu’il appellera Méthode Feldenkrais®.
À l’âge de quatorze ans il émigre en Palestine. De dix-huit à 28 ans il vit à Tel-Aviv où il travaille comme maçon et poursuit ses études. Moshe Feldenkrais arrive à Paris en 1928 où il étudie la physique, les mathématiques, la mécanique et l’électricité. Il obtient un diplôme de Docteur en sciences physiques et un diplôme d’ingénieur en mécanique et électricité. En 1938, il travaille avec Frédéric Joliot-Curie, dont il est assistant.
Moshe Feldenkrais rencontre Jigoro Kano à l’occasion de conférences données par le fondateur du judo lors de deux séjours en France en 1933 et 1934. Il se met à pratiquer ce sport, qu’il contribue à introduire en France, et devient l’une des premières ceintures noires de judo en France. Il écrit deux livres sur le judo. À son invitation, Mikinosuke Kawaishi quitte Londres pour venir enseigner le judo en France. Passionné par ce sport, Feldenkrais fonde en septembre 1936 le Jiu-Jitsu Club de France, dont Jigoro Kano est le président d’honneur. En 1940 quand les Allemands envahissent Paris, Moshe Feldenkrais prend un bateau pour l’Angleterre. Il travaille alors pour l’amirauté britannique. Il aurait fait partie de l’équipe qui met au point le sonar. Il continue en même temps la pratique et l’enseignement du judo. Il commence à s’intéresser très fortement au développement humain et au mode d’apprentissage des enfants, inspiré en partie par l’observation des enfants dans le cabinet pédiatrique de sa femme, Yona Rubenstein.
Après un accident grave sur son genou déjà blessé, Moshe Feldenkrais se voit proposer une intervention dont les chances de succès sont évaluées à 50%. Il préfère éviter l’intervention et étudie tout ce qui a trait à la santé et à la guérison : anatomie physiologie, neurophysiologie, psychothérapie, exercices de rééducation, pratiques spirituelles, yoga, hypnose, acupuncture. Feldenkrais réussit à marcher de nouveau sans avoir besoin d’opération. Il reprend même sa pratique du judo. Après des mois d’observation minutieuse et d’exploration de très petits mouvements, il aurait redécouvert et affiné le processus d’apprentissage utilisé par les jeunes enfants pour acquérir la marche. Selon lui, le fait de prendre conscience de comment l’on bouge peut être une clef pour se soigner voire fonctionner mieux. Plus tard, un ami qui souffre du dos lui demande si le même processus ne pourrait pas l’aider. C’est ainsi que Feldenkrais aurait découvert l’efficacité de sa méthode.
Il développe ainsi une méthode, à travers le toucher et le mouvement, pour faciliter le retour à la santé et l’apprentissage qu’il appellera plus tard : Intégration fonctionnelle. Dans un deuxième temps, afin de permettre à un plus grand nombre de bénéficier de sa méthode, il invente une forme de pratique collective, qu’il nomme Prise de conscience à travers le mouvement.
En 1950 Feldenkrais se rend à Tel-Aviv. Il devient le premier directeur du département d’électronique de l’armée israélienne. Peu de temps après il aurait été sollicité pour s’occuper du Premier ministre Ben Gourion qui souffre de mal de dos chronique et de problèmes respiratoires. La santé de Ben Gourion se serait améliorée de façon étonnante et aurait fait la réputation de Moshe Feldenkrais. Après une leçon avec Feldenkrais, Ben Gourion est sorti en courant vers la plage pour montrer ce qu’il venait d’accomplir, et a permis à Paul Goldman de prendre une photo qui fit sensation.
Il commence à enseigner sa méthode pendant les années 1950 et 60. Il continue ensuite aux États-Unis pendant onze ans. Il forme ainsi un grand nombre de praticiens à San Francisco puis à Amherst, dans le Massachusetts.
bibliographie
L’Être et la maturité du comportement, Moshe Feldenkrais
La Puissance du moi, Moshe Feldenkrais
Le Cas Doris, Moshe Feldenkrais
Énergie et bien-être par le mouvement, Moshe Feldenkrais
Articuler le changement, Larry Goldfarb